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Le Prophète (paix et salut à lui) nous a enseigné la meilleure approche des relations intercommunautaires:
Le Prophète (paix et salut à lui) nous a enseigné la meilleure approche des relations intercommunautaires : il nous a montré qu’il ne suffit pas de reconnaître l’existence de l’autre, mais qu’il faut également le respecter. Il ne s’agissait pas d’une interprétation personnelle non fondée sur la révélation ou sur un ordre divin : au contraire, cet enseignement était en totale conformité avec les versets coraniques concernant les relations avec les membres de communautés religieuses différentes de la nôtre.
Ainsi, voici en quels termes Allah nous enseigne comment dialoguer avec les non-musulmans : « Dis : Qui vous dispense votre subsistance des cieux et de la terre ? Dis : C’est Allah. Certes, entre nous et vous, les uns sont bien guidés et les autres sont dans un égarement manifeste. Dis : Vous n’aurez pas à rendre compte de nos péchés, et nous n’aurons pas à rendre compte de vos actes. Dis : Notre Seigneur nous rassemblera puis Il jugera entre nous en toute justice, car Il est le Juge par excellence, l’Omniscient. »
Le Prophète (paix et salut à lui) savait de façon certaine qu’il était sur la bonne voie et détenait la vérité. Malgré cela, Allah lui ordonne ici de dialoguer avec les mécréants en leur disant : « Entre nous et vous, les uns sont bien guidés et les autres sont dans un égarement manifeste. » Telle est la base commune de la discussion, l’un de nous a raison et l’autre a tort ; à partir de là, nous allons alors discuter et débattre jusqu’à parvenir à la vérité. C’est l’approche idéale du débat, le summum de la courtoisie et de la grandeur morale. Allah lui enseigne ensuite comment s’adresser aux autres avec la plus grande politesse en leur disant : « Vous n’aurez pas à rendre compte de nos péchés, et nous n’aurons pas à rendre compte de vos actes. »
Ici le Prophète (paix et salut à lui) doit utiliser pour lui-même le terme « péchés » qui implique habituellement l’erreur et la faute, et utiliser pour l’autre le terme « actes » qui peut désigner le bien comme le mal. Puis il renverra l’affaire au jugement divin, en disant : Allah nous rassemblera tous le Jour du Jugement pour juger de nos différends selon la Vérité connue de Lui, et nous saurons alors qui d’entre nous avait raison et qui était dans l’erreur.
Le dialogue se déroule de la meilleure des manières : il est dénué de tout parti-pris et empreint de la plus grande courtoisie et d’un total respect de l’autre.
La même approche se retrouve dans le verset définissant la manière de dialoguer avec les Gens du Livre : « Et ne débattez avec les Gens du Livre que de la manière la plus courtoise, exception faite des injustes parmi eux. Dites : Nous croyons à ce qui nous a été révélé et à ce qui vous a été révélé ; notre Allah et le vôtre ne sont qu’Un et nous Lui sommes soumis. »
Quelle attitude sublime ! Il ne s’agit pas seulement de faire preuve de politesse dans nos débats avec les Gens du Livre : plus que cela, nous devons rechercher en permanence l’approche la meilleure et la plus courtoise.
Trouve-t-on dans les législations positives ou dans les propos des philosophes une semblable grandeur morale ?
On voit comment cette attitude vise à rapprocher les esprits et à attendrir les cœurs, lorsqu'Allah nous dit : « Dites : Nous croyons à ce qui nous a été révélé et à ce qui vous a été révélé ; notre Allah et le vôtre ne sont qu’Un et nous Lui sommes soumis. » Ces propos sont destinés à susciter chez les Gens du Livre un sentiment de solidarité et de proximité plutôt que de distance et de haine : nous avons le même Allah, Il nous a révélé aux uns et aux autres des Livres sacrés auxquels nous croyons tous ; pourquoi alors cette division et ce désaccord ?
Dans le même esprit, citons encore ces autres versets, trésors de grandeur morale :
« Ô Gens du Livre ! Venez à une parole commune entre nous et vous : que nous n’adorions qu'Allah sans rien Lui associer, et que nous ne nous prenions pas les uns les autres pour seigneurs en dehors d'Allah. S’ils se détournent, dites : soyez témoins que nous sommes musulmans (soumis à Allah). »
Ou bien encore :
« Nombreux sont ceux des Gens du Livre qui voudraient vous ramener à la mécréance après que vous avez cru, car ils éprouvent de la jalousie après avoir compris la vérité : pardonnez et soyez indulgents jusqu’à ce qu'Allah accomplisse Son Ordre. Allah a pouvoir sur toute chose. »
Les versets en ce sens sont si nombreux qu’il est difficile de les recenser. Ce qui nous importe ici toutefois, c’est de mettre ces versets et ces recommandations divines en rapport avec la vie du Prophète (paix et salut à lui) afin de mettre en évidence la nature de ses rapports avec les non-musulmans et le respect et l’estime qu’il leur manifestait.
La courtoisie dans le dialogue poussait ainsi le Prophète (paix et salut à lui) à écouter en silence le point de vue de ses adversaires, même si leurs arguments étaient inacceptables tant intellectuellement qu’au regard de l’islam. Il leur donnait l’occasion de parler et d’exprimer leur opinion, pour avoir ensuite à son tour la possibilité de s’exprimer et d’expliquer son enseignement.
L’épisode suivant, du dialogue respectueux conduit par le Prophète (paix et salut à lui) avec le chef qurayshite `Utba ibn Rabî`a, illustre parfaitement les bonnes relations intercommunautaires.
`Utba ibn Rabî`a, cherchant à inciter le Prophète (paix et salut à lui) à renoncer à l’islam, lui dit : « Fils de mon frère, tu es des nôtres comme tu le sais de par ta place dans le clan et ta haute naissance. Tu as introduit chez les tiens une affaire grave par laquelle tu les as divisés, tu as méprisé leurs idéaux, tu as ridiculisé leurs dieux et leur religion, et tu as renié leurs ancêtres. Ecoute les propositions que je vais te faire : réfléchis-y, certaines te seront peut-être acceptables. » Le Prophète (paix et salut à lui) répondit : « Parle, Abû al-Walîd, je t’écoute. » `Utba poursuivit : « Fils de mon frère, si c’est seulement l’argent que tu recherches à travers ce que tu as introduit, nous te réunirons une part de nos biens : tu seras ainsi le plus riche d’entre nous. Si ce sont les honneurs que tu recherches, nous ferons de toi notre chef et nous ne prendrons aucune décision sans toi. Si tu désires être roi, nous ferons de toi notre roi. Si tu es en proie à des visions et que tu es incapable de t’en défaire, nous ferons appel à la médecine pour toi et nous engagerons les dépenses nécessaires jusqu’à ce que tu sois guéri, car cela peut se soigner. »
Lorsque `Utba eut fini de parler, le Prophète (paix et salut à lui) qui l’écoutait lui demanda : « As-tu terminé, Abû al-Walîd ? » Il répondit que oui. Le Prophète (paix et salut à lui) lui dit alors : « Eh bien écoute-moi maintenant. » `Utba lui répondit de parler.
Le Prophète (paix et salut à lui) récita alors : « Au nom d'Allah, Clément et Miséricordieux. Ha mîm. C’est une révélation du Clément, du Miséricordieux. Un Livre aux versets détaillés, une Lecture en langue arabe pour des êtres qui savent, portant la bonne nouvelle et avertissant. Mais la plupart d’entre eux se détournent et refusent d’entendre. Ils disent : Nos cœurs sont inaccessibles à ce à quoi tu nous appelles… »
Le Prophète (paix et salut à lui) poursuivit la récitation de cette sourate, tandis que `Utba, accoudé, l’écoutait en silence. Lorsque le Prophète (paix et salut à lui) atteignit le verset de la prosternation, il se prosterna puis dit : « Tu as entendu ce que tu as entendu, Abû al-Walîd : à toi de juger. » `Utba alla rejoindre ses compagnons, qui se dirent les uns aux autres : « Par Allah, voici Abû al-Walîd qui revient avec une expression différente de celle qu’il avait en partant. » Lorsqu’il s’assit auprès d’eux, ils lui demandèrent : « Que t’arrive-t-il, Abû al-Walîd ? » Il répondit : « Il m’arrive que j’ai entendu des paroles dont, par Allah, je n’avais jamais entendu de semblables. Par Allah, ce ne sont ni les propos d’un poète, ni d’un sorcier, ni d’un devin. Peuple de Quraysh, faites ce que je vous dis et tenez m’en pour responsable : n’intervenez pas dans la prédication de cet homme. Laissez-le tranquille. Par Allah, les propos que je l’ai entendu tenir auront certainement un retentissement important : si les Arabes le tuent, vous en aurez été débarrassés par d’autres ; si au contraire il prend le dessus sur les Arabes sa royauté sera la vôtre et sa gloire sera la vôtre, et vous serez les premiers à en bénéficier. » Ils s’exclamèrent : « Par Allah, Abû al-Walîd, il t’a ensorcelé avec sa langue ! » Il répondit : « Tel est mon avis à son sujet : faites comme bon vous semble. »
Ce dialogue est de première importance. Bien que `Utba ait commencé son intervention par une série d’accusations à l’encontre du Prophète (paix et salut à lui), ce dernier conserva son calme : loin de se fâcher, il continua à l’écouter poliment et respectueusement, même lorsque `Utba lui proposa de renoncer à sa prédication en échange des tentations de ce bas-monde. Le Prophète (paix et salut à lui) accepta de l’écouter et l’encouragea à parler : « Parle, Abû al-Walîd, je t’écoute. » Il l’appelait ainsi par son surnom familier, utilisant un nom qui lui était cher puisque c’était celui de son fils, cherchant ainsi à se rapprocher de lui. Lorsque `Utba ibn Rabî` énonça ses propositions, le Prophète (paix et salut à lui) ne l’interrompit pas malgré la sottise et l’insignifiance de ce qu’il lui offrait ; il patienta jusqu’à la fin puis demanda très poliment : « As-tu terminé, Abû al-Walîd ? » Comme celui-ci répondait que oui, il lui dit alors : « Eh bien écoute-moi maintenant. »
Le Prophète (paix et salut à lui) donna à son interlocuteur tout le temps nécessaire pour s’exprimer et présenter son point de vue, ne commençant à parler lui-même que lorsqu’il eut totalement terminé. Il nous donne ici le meilleur exemple de la manière de dialoguer avec l’autre, même si ses convictions et sa religion sont totalement opposées aux nôtres.
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